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Résistance Pédagogique 16
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23 janvier 2010

LES ÉVALUATIONS AU PIQUET

Un article de La Charente Libre sur l'appel des 200 contre les ÉVAS :
de Stéphane URBAJTEL

Sandrine Dupin-Bosselli ne se cache pas derrière la craie de son tableau noir: cette professeure des écoles de Soyaux pense le plus grand mal des évaluations nationales qui ont débuté cette semaine. Et n'a aucun scrupule à annoncer que les élèves de sa classe de CE1 ne les passeront pas (les examens pour ce niveau sont programmés en mai).

«Je préviendrai mon inspecteur pour qu'il ne soit pas surpris, affirme-t-elle. Pourquoi je refuse? Parce que ces évaluations ne sont pas dans l'intérêt de l'enfant. Et parce qu'enseigner à l'école publique, ça ne signifie pas être aux ordres de sa hiérarchie. Si je me pliais aux directives, j'aurais un problème de conscience.»

«Instit résistante» - c'est ainsi qu'elle se définit -, Sandrine Dupin-Bosselli a signé «l'appel des 200 maîtres contre les évaluations nationales» (lire encadré). Ils sont quatre en Charente à avoir inscrit leur nom au bas de cette pétition. De Soyaux donc, mais aussi de Cognac, de Saint-Front et de Javrezac.

«Ambition plus politique que pédagogique»

L'un d'eux, Sébastien Goyer, a l'habitude d'être en première ligne. Il est le «référent du réseau résistant» de la Charente. En 2008, ce trentenaire était dans le groupe des instits qui avaient posté des lettres à leur inspecteur pour dire «qu'en conscience», ils refusaient d'appliquer les nouveaux programmes. Un courrier aussi pour dénoncer «la destruction» des réseaux d'aides spécialisées aux élèves en difficulté (Rased).

Aujourd'hui, estime Sébastien Goyer, ces évaluations ressemblent à «une nouvelle étape dans la logique gouvernementale». L'ambition à ses yeux serait «plus politique que pédagogique»: évaluer les élèves, c'est évaluer les profs, explique-t-il en substance, une façon détournée de «classer les établissements».

«Et de nous saquer si les résultats de nos gamins sont mauvais», enchaîne un enseignant du Sud-Charente, sur la même longueur d'onde que les «pédago-résistants». Lui n'a pourtant pas signé la pétition et, comme de nombreux enseignants hostiles à ces évaluations, veut bien s'exprimer, à condition de ne pas être cité. Sa crainte, c'est de subir le même sort que Gilles Lehmann, un enseignant de Haute-Vienne suspendu cette semaine pour avoir refusé de pratiquer les évaluations dans sa classe de CM2. (lire CL de mercredi, page 43).

Ce signataire de «l'appel des 200 maîtres» était d'ailleurs convoqué hier à l'inspection académique de Limoges pour voir «s'il y a lieu d'engager une procédure disciplinaire».

«On entretient les peurs en prenant une décision pareille», s'offusque Sébastien Goyer. «Je connais des enseignants qui, en Charente, l'année dernière, ont affiché leur hostilité aux nouveaux programmes et aux évaluations et n'ont pas obtenu les postes qu'ils demandaient pour cette raison-là», affirme une instit du Cognaçais.

Pour le «bidonnage»

«Oui, je crains que la plupart de mes collègues rentrent dans le rang et fassent passer les évaluations alors qu'ils y sont foncièrement hostiles», reprend Sébastien Goyer. Mais ces professeurs des écoles discrets présentent «leur» stratégie pour afficher leur mécontentement: le bidonnage. «Je rendrai les copies mais j'ai épaulé mes élèves dans la réalisation des évaluations, déclare un enseignant de CM2 d'une école de l'Angoumois. Je préfère ça au boycott.»

«Je vais les aider à répondre aux problèmes trop difficiles parce que je crains que les enfants les plus inquiets soient déstabilisés face à des questions portant sur des sujets qu'ils n'ont pas étudiés», ajoute un autre qui s'affiche en membre d'une «résistance pédagogique clandestine».

Des compléments ici:
http://www.charentelibre.com/article-11-les-evaluations-au-piquet.html?id_article=306413

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